Le voyage est un élément caractéristique de l’expérience de vie et de foi de saint Dominique. Nous proposons un itinéraire qui, en suivant le tracé de l’ancienne Via Francigena de Rome à Bologne, suit les traces laissées par saint Dominique lors de son dernier voyage.
C’est une invitation à se découvrir en tant que voyageur, pèlerin, vagabond, ayant besoin de mettre ses propres pas dans le mouvement qui habite notre moi intérieur, de lui donner de la chair ou simplement de l’assumer, d’en prendre conscience. Il s’agit de découvrir que l’on est déjà en voyage et que celui-ci – notre propre voyage – demande à être accompagné par l’esprit et le cœur. Comme l’a fait Dominique lorsqu’il a traversé la moitié de l’Europe à pied.
Nous vous invitons à entreprendre ce pèlerinage virtuellement, en suivant les étapes proposées ci-dessous, mais aussi à vous lancer réellement dans votre voyage lorsque la situation sanitaire le permettra.
Toutes les informations logistiques, sur la distance du voyage entre une étape et une autre, mais aussi sur l’histoire, l’art et la spiritualité dominicaine liés à ces lieux sont disponibles sur l’application “SloWays“, qui peut être téléchargée gratuitement.
Pour plus d’informations sur l’organisation du voyage, nous vous renvoyons au site de SloWays, agence spécialisée dans le tourisme durable et partenaire technique de l’initiative.
Partenaire technique
«Il Cammino di san Domenico»adhère au «Manifesto dell’Alleanza per la Mobilità Dolce»
Philipp Johannes Wagner OP
(Note de la traductrice : la traduction des citations des textes anciens provient du livre de Nicole Bériou et Bernard Hodel : « Saint Dominique de l’ordre des frères prêcheurs – témoignages écrits», éd. du Cerf, 2019)
Dominique est né vers 1170 dans le petit village espagnol de Caleruega. Après avoir terminé ses études de théologie, il entre au chapitre de la cathédrale d’Osma et est ordonné prêtre. Il accompagne l’évêque d’Osma dans une mission diplomatique en Europe du Nord. Au cours de ce voyage, il rencontre un grand nombre de cathares poursuivis comme hérétiques. Jugeant que leurs croyances étaient une falsification de l’Évangile, il a cherché un nouveau moyen de les ramener à la vérité. Véritable homme évangélique, il proclame la foi de l’Église en menant une vie de pauvreté comme eux, privilégiant le dialogue et la force de persuasion des prédicateurs.
À Toulouse, il fonde une communauté en accord avec les principes de sa prédication, proclamant l’Évangile et vivant dans la pauvreté évangélique.
Le 22 décembre 1216, le pape Honorius III promulgue la bulle de fondation de l’Ordre des Prêcheurs. Au cours de ses nombreux voyages, Dominique prêche, encourageant la fondation de communautés dans les grands centres universitaires de l’époque, comme Paris et Bologne.
Vers 1219, Dominique est à Rome, où il se consacre à la fondation d’un monastère de moniales et achève le processus de fondation de l’Ordre. Son dernier voyage en 1221 le conduit à Bologne, où il meurt le 6 août de cette même année.
Dominique était un homme de prière et de prédication. Il puisait sa force dans la contemplation de la vérité de Dieu et transmettait sa foi aux autres. Ses contemporains disaient de lui : “Partout il parlait avec Dieu ou de Dieu”.
Le pèlerinage proposé suit ce dernier voyage de saint Dominique et nous invite à méditer sur les différents aspects de sa vie et de sa spiritualité qui ont formé l’Ordre qu’il a fondé. Les textes qui accompagnent ce pèlerinage (récits de ses contemporains ou témoignages sur les premières années de l’Ordre) expliquent les liens entre certains moments de la vie de saint Dominique et les lieux encore visibles mais aussi avec ceux qui ont été détruits ou transformés jusqu’à devenir méconnaissables.
Après un premier voyage à Rome vers 1205 ou 1206, Dominique est venu une seconde fois dans la Ville éternelle en 1215.
Lors de son voyage avec Diego d’Acebo vers le nord de l’Europe, Dominique rencontre les cathares puis il s’établit dans le sud de la France. Il prêche surtout aux cathares auprès desquels il pensait avoir été envoyé. Les frères qui l’ont côtoyé s’accordent à dire qu’il a vraiment souffert de voir tant de gens s’éloigner de la vérité de l’Évangile. Il était plein de compassion pour ceux qui vivaient dans l’erreur et s’éloignaient ainsi du salut éternel (c’est pour cette raison que le saint était ému aux larmes). Pendant ces années passées dans le Languedoc, il a fondé à Prouilhe un monastère de moniales rassemblant des femmes cathares repenties et une communauté de prêcheurs à Toulouse approuvée par l’évêque. Mais Dominique avait la vision d’une œuvre plus vaste, un véritable Ordre de Prêcheurs qui pourrait proclamer la Parole de Dieu dans chaque ville, chaque diocèse et chaque pays. En 1215, il revient à Rome accompagnant son évêque Foulques au Concile de Latran IV et il peut donc présenter son projet au pape Innocent III.
St. Jean de Latran
Lors de ces deux séjours à Rome, liés à la confirmation de l’Ordre, Dominique a fréquenté principalement le Latran.
Le Pape y résidait, les Pères conciliaires s’y réunissaient et il y rencontrait l’un de ses plus importants soutiens et amis de la Curie romaine, l’évêque d’Ostie, le cardinal Ugolin futur Pape Grégoire IX. Au Latran, il est reçu par le pape Innocent III pour présenter le nouvel Ordre. Mais l’audience n’a pas le résultat espéré. Jourdain de Saxe, son successeur à la tête de l’Ordre, écrit :
« Frère Dominique fut adjoint au même évêque pour se rendre ensemble au concile et prier de concert le seigneur pape Innocent de confirmer à frère Dominique et à ses compagnons un ordre qui s’appellerait et serait celui des Prêcheurs ; il confirmerait cependant aux frères ces revenus assignés par le comte aussi bien que par l’évêque. Après les avoir entendus sur cette demande, l’évêque du siège romain exhorta frère Dominique à retourner auprès de ses frères, à délibérer pleinement avec eux et avec le consentement unanime de tous, à choisir une règle déjà approuvée ; cela fait, il devait retourner enfin voir le pape pour recevoir confirmation sur tous ces points. »[1]
D’une part, le Concile de Latran IV s’était clairement déclaré contre les enseignements des cathares et des Albigeois et avait confirmé que si “après avoir reçu le baptême, l’on est retombé dans le péché, on peut toujours se racheter par une vraie pénitence”[2]. Le Concile avait même reconnu que “entre autres choses concernant le salut du peuple chrétien, on sait que la nourriture de la Parole de Dieu est parmi les plus nécessaires”[3]et que pour cette raison “les évêques devraient choisir des personnes aptes à les assister de temps en temps à l’office de la sainte prédication“[4]. En présentant son Ordre, Dominique avait précisément proposé cela, mais il ne concevait pas la prédication comme une activité à laquelle les frères s’adonneraient de temps en temps, mais ils devaient y consacrer toute leur vie. D’autre part, le Concile lui-même avait interdit “la variété excessive des ordres religieux (…) et que de nouveaux ordres soient fondés à l’avenir. Par conséquent, quiconque veut embrasser une forme de vie religieuse, doit choisir une de celles qui sont déjà approuvées“.[5]
Le récit de Jourdain, dans son libellus (brochure sur les débuts de l’Ordre rédigée vers 1233) résume ce qui s’est passé à Rome. On peut peut-être aussi lire entre les lignes un soupçon de scepticisme de la part du Pape qui a reporté l’approbation de l’Ordre à une prochaine réunion, en se basant sur les canons du Concile concernant les nouvelles fondations de communautés religieuses. Constantin d’Orvieto, qui a écrit l’une des premières légendes de saint Dominique en 1246, nous dit que le pape n’a été convaincu qu’après avoir rêvé
“que l’église du Latran menaçait soudain grande ruine gravement, comme si sa structure se désagrégeait. Tandis qu’il regardait cela, tout à la fois tremblant et affligé, d’en face accourait l’homme de Dieu Dominique qui mit sur ses épaules tout cet édifice en train de s’écrouler et le soutenait“[6].
Quoi qu’il en soit, Dominique revient à Toulouse fin 1215 ou début 1216, consulte les frères comme en témoigne Jourdain : “ils choisirent bientôt la règle du bienheureux Augustin, prédicateur excellent”[7]. Il ne fait aucun doute que le choix de cette règle est dû à l’importance qu’Augustin accordait à la prédication. Ainsi elle était mise en évidence comme but de l’Ordre dès son origine. Dominique et ses frères voulaient être des religieux d’un nouveau genre, des prédicateurs vivant de l’Évangile.
Après son séjour en France, Dominique repart pour Rome. Le 16 juillet 1216, Innocent III était mort. Deux jours plus tard le conclave avait élu son successeur, le cardinal Cencio[8], qui prit le nom d’Honorius III. Le nouveau pape suivit la ligne de son prédécesseur et lorsque Dominique le rencontra, « il obtint pleinement en tous points, la confirmation de l’Ordre et tout ce qu’il avait voulu obtenir, selon son propos et l’ordonnancement qu’il avait conçu »[9]. Le pape approuvait l’Ordre mais pas entièrement selon les souhaits et l’idée de Dominique. Dans un premier temps la bulle Religiosam vitam du 22 décembre 1216, il manquait un élément essentiel : le nom du nouvel Ordre qui désignerait aussi son but. Ce n’est que dans une deuxième bulle, Gratiarum omnium largitori, du 21 janvier 1217, que le pape appellera explicitement “prêcheurs” Dominique et ses frères[10].
En règle générale, les audiences se déroulaient dans le palais pontifical, c’est-à-dire dans la résidence des papes. À l’époque de Dominique, le complexe occupait presque toute la zone autour de la basilique. Lors de la construction de l’actuel palais du Latran de 1585 à 1589, l’architecte Domenico Fontana fit démolir la plupart des bâtiments préexistants tels que la salle du Concile et la loge des bénédictions. Au Moyen Âge, un portique reliait cette salle aux autres bâtiments du pontife, comme le Triclinio Leoniano. Seule la mosaïque a été conservée, non plus in situ mais transférée dans une niche aménagée à cet effet. La seule partie existant encore in situ est le Sancta Sanctorum, l’ancienne chapelle privée des papes, aujourd’hui insérée dans le bâtiment du Saint-Escalier. Le Sancta Sanctorum doit son nom au riche trésor des reliques et à l’icône du Christ considérée comme “acheiropoiete”, non faite de main d’homme, qui y sont conservées. Selon la tradition, le Saint-Escalier a été transporté par l’impératrice Elena, mère de Constantin, de la Forteresse Antonia de Jérusalem à Rome, avec la parcelle de la croix et les autres reliques qui rappelaient la mort salvatrice de Jésus-Christ et qui sont aujourd’hui exposées dans l’église de Ste. Croix-de-Jérusalem située à quelques minutes du Latran.
Il est possible de visiter le Sanctuaire du Saint-Escalier et de monter l’escalier lui-même ou prendre l’un des escaliers latéraux menant à la chapelle du Sancta Sanctorum.
Le lieu où Dominique a vécu pendant ses deuxième et troisième séjours à Rome est inconnu, mais le témoignage de Fra Guglielmo di Monferrato dit que “en ce temps-là (il parle de 1215, n.d.a.) Le fr. Dominique vivait à la Curie romaine”[11]; ce qui est plausible puisqu’il était venu à la fois en 1215 et 1216 avec son évêque. Le Fr. Guillaume lui-même témoigne lors du procès de canonisation sur la présence de Dominique à Rome dans la maison d’Ugolin : “il venait souvent chez l’évêque d’Ostie mentionné ci-dessus”[12]. Un témoignage qui semble être confirmé par Thomas de Celano qui situe la rencontre entre Dominique et François dans la maison d’Ugolin à Rome mais celle-ci ne peut plus être localisée.
Lorsque Dominique se rend à la basilique de Saint-Jean pour prier dans l’omnium urbis et orbis ecclesiarum mater et caput (mère et chef de toutes les églises de l’urbis et orbis), il la voit encore dans sa majestueuse simplicité, typique de la fin de l’Antiquité et sans les ajouts baroques et la transformation de l’intérieur par Francesco Borromini. Une représentation à S. Martino ai Monti montre la basilique avant l’intervention de Borromini, telle que Dominique l’a vue pendant ses séjours à Rome. Malheureusement, dans la basilique il ne reste aucun souvenir matériel des visites de saint Dominique – mais dans la deuxième chapelle du bas-côté sud se trouve un retable de Giovanni Odazzi et Ignaz Stern représentant l’Assomption de Marie avec les saints Dominique et Philippe Neri. De plus, sous le retable, on peut voir le reste d’une fresque représentant la Dormitio Mariae qui, avant d’être détachée et placée ici, se trouvait dans la salle du Concile.
Dans la chapelle du Crucifix, à droite de l’entrée nord, se trouve le tombeau d’Innocent III, le premier pape que Dominique a rencontré à Rome. Dans cette basilique, Dominique a fait l’expérience de l’universalité de l’Église ainsi il enverra son Ordre pour illuminer le monde de la lumière de l’Évangile.
Réflexion
L’image du saint qui, avec sa fondation, soutient l’Église comme pilier de l’édifice est également connue dans la tradition franciscaine. Elle souligne l’importance des fondations des ordres mendiants qui ont promu un nouveau modèle de vie religieuse, se présentant comme une alternative à une Église menacée par l’opulence. De nombreux évêques avaient oublié leur responsabilité de guider et de protéger les âmes qui leur étaient confiées. Ils vivaient comme des seigneurs, négligeaient la formation du clergé et plus encore la vie spirituelle et les besoins des simples fidèles. C’est pourquoi les groupes hérétiques comme les cathares n’ont pas eu beaucoup de mal à trouver des adeptes parmi les petites gens, parmi ceux qui se sentaient attirés par une vraie vie évangélique ; ils ne la trouvaient plus dans une Église dont les représentants étaient plus intéressés par les rentes de leurs prestations que par le salut des âmes.
Pour Dominique, une vie en dehors de la communion avec l’Église était impensable. Il avait réalisé que l’enseignement des cathares, dualisme extrême qui méprisait le corps autant qu’il exaltait la pauvreté, était loin du message de l’Évangile. Vivre pauvre, volontairement pauvre, était pour lui une façon de suivre Jésus-Christ, et non un moyen ascétique de se libérer du fardeau du corps. Il adopte certains éléments de leur forme de vie afin de prêcher la Parole de Dieu de manière crédible. Comme Saint Paul, il “s’est fait tout à tous, pour en sauver à tout prix quelques uns “[13].
Nous trouvons les fondements de sa spiritualité qui formera son Ordre dans cette approche de la prédication, dans la compassion qu’il avait pour ceux qui vivaient dans l’erreur, dans sa claire vision de l’Église, dans la confiance qu’il accorde à la parole, non seulement à celle de Dieu mais aussi à celle de l’homme, et dans son abandon absolu à Dieu.
Selon une tradition de l’Ordre des Prêcheurs, Dominique fit l’expérience d’une nuit passée à Toulouse « discutant et argumentant longuement avec l’hôte de la maison qui était hérétique ; comme l’hérétique ne pouvait résister à la sagesse et à l’Esprit qui parlait, il le ramena à la foi avec l’aide de l’Esprit de Dieu »[14]. Dominique était convaincu de la vérité de l’Évangile. Pour lui la vérité se révèle dans la contemplation de la Parole, dans l’écoute et le dialogue. La vérité n’était pas une formule mais la personne de Jésus Christ, Chemin, Vérité et Vie. C’est la vérité que Dominique a proclamée. Sa mission était celle des apôtres que le Seigneur avait envoyés, leur ordonnant : « chemin faisant, proclamez que le Royaume des cieux est tout proche »[15]. Ses contemporains s’accordent pour dire « qu’il exhortait et incitait souvent les frères de cet Ordre par ses paroles et par ses lettres de toujours étudier dans le Nouveau et l’Ancien Testament [16]…il portait toujours avec lui l’évangile de Matthieu et les écrits de St Paul au point qu’il les savait presque par cœur. »[17].
Il semble banal de dire que le prêcheur lui-même doive mettre en pratique la parole prêchée, mais c’est malheureusement une vérité que beaucoup de prédicateurs oublient. L’Église dont Innocent III rêvait, selon la légende, « semblait être sur le point de se désagréger »[18] – et il est évident que l’image du bâtiment de Saint-Jean de Latran n’était qu’un symbole de l’Église, la communauté universelle de fidèles. Le lien entre la parole et sa prédication avait été rompu. Il était nécessaire de revenir à la vérité profonde de l’Évangile, de suivre vraiment Jésus-Christ. C’était la voie de saint Dominique : marcher sur les traces du Seigneur comme les apôtres – pour être le pilier de l’Église et la renouveler.
Pierre au Vatican
La visite de Dominique à la basilique Saint-Pierre et la vision des apôtres Pierre et Paul rattachent la mission universelle de l’Ordre au rôle des apôtres Pierre et Paul.
L’épisode est rapporté par Constantin d’Orvieto :
« Comme donc l’homme de Dieu Dominique était à Rome et qu’il répandait sa prière dans la basilique de Saint Pierre sous le regard de Dieu pour la conservation et l’extension de l’ordre que Sa dextre propageait en faisant de lui son intermédiaire, la main du Seigneur fut sur lui et par une vision de l’imagination, il aperçut soudain, venant à lui, les glorieux princes (des apôtres) Pierre et Paul : le premier, Pierre, semblait lui remettre un bâton et Paul un livre ; et ils ajoutaient : « Va et prêche, puisque tu as été choisi par Dieu pour ce ministère. » Bientôt, en un instant, il lui semblait apercevoir ses fils dispersés de par le monde entier, marchant deux par deux et prêchant aux peuples la parole du Seigneur » [19].
L’imposante basilique que l’empereur Constantin avait fait construire vers 318 était la destination de tous les pèlerins qui venaient à Rome pour prier sur la tombe de l’Apôtre. C’est aussi pour cette raison qu’il est très probable que Dominique se soit rendu au Vatican pour demander l’intercession de l’Apôtre pour sa fondation.
Constantin d’Orvieto ne voulait pas qu’il y eut de doute : après avoir relaté l’approbation de l’Ordre par Honorius III, il parla de la visite de Dominique à Saint-Pierre de telle sorte que l’approbation du pape fut suivie de celle des apôtres. Dominique lui-même est appelé à suivre la voie des apôtres, à se mettre en route comme prêcheur itinérant, c’est le sens de la remise du bâton, utile à tout pèlerin. La remise du livre, symbole de la Sainte Écriture, renvoie à sa vocation de prêcheur de la Parole de Dieu. La mission de saint Dominique et de son Ordre est à la fois divine et universelle.
Dans le “Va et prêche” que les apôtres lancent à Dominique, on retrouve le mandat divin adressé aux prophètes et aux disciples de Jésus. Comme eux, les Frères prêchent parmi les gens, dans le monde.
Comme à Saint-Jean de Latran, il n’y a à Saint-Pierre aucun souvenir “matériel” de la présence de saint Dominique. Seule une autre représentation à S. Martino ai Monti peut nous donner une idée de la basilique du Vatican avant sa destruction. On peut imaginer que Dominique, comme beaucoup d’autres pèlerins, vénérait le tombeau de l’apôtre, auquel on pouvait accéder par deux escaliers menant à une crypte semi-circulaire correspondant à peu près à l’actuelle confessio, qui permet aujourd’hui aux pèlerins de prier sur la tombe de saint Pierre.
Dans le chœur, à droite du reliquaire monumental de la chaire de Pierre, se trouve la sculpture en marbre de Saint Dominique, une œuvre de Pierre Legros (1706). La statue de saint François se trouve de l’autre côté, ils semblent siéger ensemble et dire : une Église qui se veut crédible doit vivre l’Évangile dans la pauvreté et le prêcher dans la vérité.
Dominique quitte Rome en mars 1217 pour retourner en France. Après quelques mois passés à Toulouse et dans ses environs, il retourne à Rome où il arrive dans les premières semaines de 1218. Une fois de plus, il a rencontré le Pape pour lui demander un appui spirituel et institutionnel afin de consolider la jeune communauté, après la dispersion des frères à Paris et en Espagne. Le 11 février 1218, Honorius III remet une nouvelle Bulle dans laquelle il recommande aux évêques de faire bon accueil dans leurs diocèses aux frères de l’Ordre des Prêcheurs (fratres ordinis praedicatorum).
Dominique reste à Rome pendant quelques mois et prêche le Carême 1218 dans différentes églises de la ville. Au cours de ce séjour, il rencontre Réginald d’Orléans qui deviendra l’un des premiers frères de Bologne. Il y avait déjà envoyé deux frères venus d’Espagne et rencontrés dans la Ville éternelle. En mai 1218, il se rendit lui-même à Bologne pour se consacrer à la nouvelle fondation du couvent et pour inciter les frères à prêcher parmi les étudiants de la plus ancienne université d’Occident.
Après son séjour à Bologne Dominique reprend la route vers l’Espagne puis il se rend à Paris et ce n’est qu’à l’automne 1219 qu’il retourne à Rome pour rencontrer le pape Honorius III alors à Viterbe.
Il voulait présenter au Pape les développements de l’Ordre et lui parler des difficultés que les frères rencontraient malgré les recommandations papales. Au cours de ces rencontres, le pape confie à Dominique un autre projet qui lui est cher, la réforme des monastères de Rome.
Innocent III avait déjà prévu une réforme de la vie monastique à Rome et voulait rassembler les moniales de Rome dans un seul monastère. Les monastères existants, pas plus de sept pour un nombre total d’environ quatre-vingts moniales, étaient en grande partie administrés par les familles des moniales. La vie des religieuses manquait à la fois de la structure d’une vie régulière et d’un fondement spirituel. Honorius III avait repris le projet et voulait que Dominique leur donne non seulement une nouvelle règle mais aussi une nouvelle perspective spirituelle pour vivre leur vocation contemplative. C’est pourquoi, le 17 décembre 1219, Honorius III donna à saint Dominique l’église et le monastère de Saint-Sixte, qui est devenu plus tard la première résidence des frères prêcheurs à Rome.
En avril 1220, Dominique doit partir à Bologne pour le chapitre général de l’Ordre et reste en Italie du Nord jusqu’à la fin de l’année.
Dominique revient à Rome en décembre 1220 et séjourne à S. Sixte pour achever la réforme des monastères. Après l’achèvement des travaux et l’installation des moniales en février 1221, les frères s’établissent à Sainte Sabine sur l’Aventin.
St. Sixte
Jusqu’à nos jours, le couvent de Saint-Sixte conserve le souvenir de la présence de saint Dominique qui est venu y vivre avec ses frères pendant plus d’un an, le temps de terminer les travaux du nouveau monastère pour qu’il puisse accueillir une communauté de moniales. Nous sommes bien informés de la présence de Dominique à Saint-Sixte, en particulier par les souvenirs de Sœur Cécile de Rome[20], qui fut l’une des premières moniales du nouveau monastère.
L’église actuelle de St. Sixte conserve encore une grande partie de la structure médiévale qui était déjà une transformation de la basilique de l’Antiquité tardive, le titulus Crescentiana, dont la fondation remonte au pontificat du pape Anastase Ier (399-401). C’est le pape Innocent III qui fit transformer l’ancien bâtiment en réduisant ses dimensions et en élevant le plancher au niveau de la rue. A cette époque, la construction du monastère est achevée lorsque Dominique vient y vivre. Dans le couvent on peut encore voir des parties du cloître, la salle capitulaire et le réfectoire.
Le réfectoire
Ici, dans le réfectoire de Saint Sixte, se serait produit le « miracle des pains ». Sœur Cécile qui n’était pas présente à cette occasion, raconte une histoire vraiment merveilleuse et, compte tenu des autres sources, un peu exagérée. Mais le fond du récit est toujours le même : les frères qui avaient été envoyés pour demander l’aumône n’avaient pas réussi à collecter assez de pain ni d’autres aliments pour le dîner communautaire. À leur retour, ils en parlent à Dominique qui les assure que le Seigneur prendra soin d’eux et invite les frères à se rendre au réfectoire. Et là, Sœur Cécile écrit :
“Alors le père saint bénit les tables, et les frères s’étant assis, le frère Henri de Rome commença la lecture de table. Le bienheureux Dominique, les mains jointes, commença à prier à table. Et selon ce que l’Esprit-Saint lui avait fait prédire, voici soudain par la divine Providence au milieu du réfectoire deux très beaux jeunes gens, chargés de deux serviettes très blanches remplies de pains (qu’ils portaient) devant et derrière eux. Commençant par les derniers frères, l’un du côté droit et l’autre du côté gauche, ils servirent à chaque frère un pain entier d’une admirable beauté. Lorsqu’ils parvinrent au bienheureux Dominique, inclinant la tête ils disparurent aussitôt, et on ignore aujourd’hui encore où ils allèrent et d’où ils étaient venus“[21].
Selon une autre tradition, le miracle des pains est également rappelé dans le réfectoire du premier couvent de Bologne, S. Maria della Mascarella.[22]
La salle du chapitre
Dans la salle capitulaire, trois des fresques du peintre dominicain Jacinthe Besson (1852-1854) rappellent les miracles de Dominique liés au monastère, notamment les résurrections qui lui sont attribuées et racontées par Sœur Cécile. Le premier miracle qu’elle a rapporté, Comment le bienheureux Dominique a ressuscité le fils d’une veuve, souligne que Dominique avait l’habitude de prêcher dans les églises romaines, comme en ce Carême 1221. Le miracle a commencé dans l’église de Saint-Marc, près du Capitole. Une matrone
« enflammée du désir d’entendre la parole de Dieu de sa bouche, laissa son fils malade et alla à l’église où le bienheureux Dominique prêchait la parole de Dieu. La prédication terminée, elle retourna chez elle et trouva son fils mort. Accablée d’une très grande affliction, mais dissimulant cette affliction sous le silence, confiante dans la puissance de Dieu et les mérites du bienheureux Dominique, elle prit avec elle ses servantes et vint le trouver à l’église de saint Sixte, où il demeurait alors avec les frères, emportant avec elle son fils défunt. Comme on préparait cette maison pour recevoir les sœurs, du fait que des ouvriers y travaillaient, d’autres personnes saisissaient l’occasion d’y entrer elles aussi. Elle entra, trouva le bienheureux Dominique qui se tenait à la porte du chapitre, comme s’il attendait là quelque chose. En le voyant, elle déposa son fils à ses pieds, et prosternée devant lui, elle commença à lui demander avec des larmes de lui rendre son fils en bonne santé. Alors le bienheureux Dominique, pris de compassion pour sa violente douleur, s’éloigna un peu d’elle, et fit une brève prière. Après la prière, il se leva et venant à l’enfant fit sur lui le signe de la croix. Puis, le tenant par la main, il le releva vivant et le rendit à sa mère sain et sauf, lui ordonnant de ne le dire à personne ».[23]
La résurrection du neveu du cardinal Stefano di Fossanova, Napoléon est également bien documentée dans les sources hagiographiques. Le récit le plus ancien se trouve dans le libellus de Jourdain de Saxe qui, n’étant pas présent, l’avait appris du frère Tancrède :
« Un jeune homme parent du seigneur Étienne, cardinal de Fossanova, était à cheval ; en folâtrant imprudemment, il fut emporté dans un galop effréné et fit une très lourde chute : on emportait son corps en pleurant. A demi-vivant à peine, ou peut-être déjà totalement sans vie, on le comptait parmi les morts, et, tandis qu’autour de lui la douleur et les cris de lamentation augmentaient, maître Dominique survint, et avec lui frère Tancrède, un homme bon et empli de fougue, qui fut un temps prieur à Rome – c’est par son récit que j’ai appris la chose – qui lui dit : « pourquoi es-tu indifférent ? Pourquoi n’en appelles-tu pas au Seigneur ? Où est maintenant ta compassion pour le prochain ? Où est la confiance de ton cœur envers Dieu ? » Bouleversé par l’exhortation du frère et vaincu par le sentiment d’une brûlante compassion, il ranima donc par la vertu de ses prières le jeune homme qui avait été mis à l’écart dans une chambre, et, au vu de tous, il l’en fit sortir sain et sauf ». [24]
La résurrection d’un maître artisan n’est racontée que par Constantin d’Orvieto[25]et a été représentée par Besson dans la salle capitulaire en raison du lien étroit avec le couvent de Saint-Sixte.
Les trois autres fresques représentent l’apparition des apôtres Pierre et Paul à Dominique, sa rencontre avec François et la remise du rosaire. Sœur Cécile parle également d’autres miracles tels que les guérisons et les épreuves de Dominique qui ont eu lieu à Saint-Sixte ou dans d’autres lieux de Rome.
Marco
L’église Saint-Marc est liée non seulement à la résurrection du fils de la veuve mais aussi à la prédication de saint Dominique. Malgré les changements dus à l’intégration de l’église dans le Palazzo Venezia, elle conserve presque intacte la mosaïque de l’abside qui date du IXe siècle celle-là même que Dominique a vue quand il est venu y prêcher. Une fresque dans l’une des chapelles de la nef droite rappelle le miracle qui s’est produit à St. Sixte.
Porte Asinaria/ Oratoire de Sainte Marguerite d’Antioche
Située un peu plus bas que l’actuelle Porta di S. Giovanni, la “Porta Asinaria” remonte à l’époque de la porte romaine primitive des remparts de la ville, commandée par l’empereur Aurélien. Au Moyen-Âge, l’une des tours, servait de cellule pour une recluse, Sœur Buona, qui avait été guérie par S. Dominique d’une grave maladie.[26]
Anastasia
Derrière l’église, à proximité du Cirque de Maxime, se trouvait la cellule d’une autre recluse Sœur Lucia. Elle a probablement souffert d’une grave infection du bras et a été guérie par Saint Dominique qui avait vu le bras et béni la sœur. Une rue adjacente à l’église, mais aujourd’hui seulement partiellement accessible, menait de là à Saint-Sixte et « le bienheureux Dominique, en allant à Saint-Sixte, y passait y fréquemment ».[27]
Réflexion
En abordant la personne de Dominique, ses contemporains ou ceux qui ont écrit sur lui quelques années après sa mort ont choisi des approches différentes. Jourdain, dans le libellus, retrace les grands traits de la fondation de l’Ordre en montrant le rôle de Dominique ; il met aussi en évidence ses vertus en vue du procès de canonisation. De même les témoins du procès soulignent sa profonde religiosité, sa vie de prière et l’empathie avec laquelle il s’est adressé à tous. Sœur Cécile[28] raconte les miracles. Cependant si on lit ces récits, en ne les étudiant que d’un point de vue historico-critique, on ne se rend pas compte de la signification profonde de ces miracles. Sœur Cécile montre la vie d’un homme qui, par sa foi et sa prière, a ramené des morts à la vie et dont elle a connu la sainteté et perçu une extraordinaire proximité avec Jésus-Christ.
Le but de l’Ordre, fondé en vue de la prédication et du salut des âmes, s’incarne dans la vie de son fondateur dont les paroles et les actions apportent réellement ce salut aux gens. Le miracle veut susciter l’étonnement et l’émerveillement afin d’attirer l’attention des lecteurs, il veut rendre manifeste ce qui par nature relève du divin.
Sur la base de cette réflexion : suivre le Christ ne consiste pas d’abord à accomplir des miracles, mais à mettre la Parole en pratique en apportant son Salut et sa Vie à tous les hommes qui en ont besoin : là où une personne malade est assistée, là où elle se sent comprise, là où un homme réalise qu’il a un ami à ses côtés pour partager ses angoisses et ses préoccupations et l’encourager. C’est la foi qui nous fait voir les miracles de la vie et nous pousse à les accomplir à notre tour.
Maria in Tempulo
Lors de son dernier séjour à Rome, Dominique s’est surtout occupé de la réforme des monastères romains qui lui avaient été confiés un an auparavant. Il les a visités et a invité les moniales à fonder une nouvelle communauté. L’un de ces monastères se trouvait seulement à 300 mètres de Saint-Sixte, S. Maria in Tempulo. Aujourd’hui, on ne voit plus que les restes d’une église, déjà désacralisée depuis longtemps, avec quelques espaces attenants.
Sabine sur l’Aventin
Après le déménagement définitif des moniales à Saint-Sixte, les frères, qui y avaient vécu jusqu’alors, s’installèrent à Sainte Sabine. Selon la tradition, Dominique négociait déjà avec Honorius III depuis un certain temps pour lui demander un lieu pour les frères. Comme le document de la donation de Sainte Sabine aux Frères Prêcheurs n’a été stipulé qu’en 1222, on ne peut que spéculer sur cette première phase de la vie des Frères sur l’Aventin. À partir de l’entrée des moniales à Saint-Sixte, les frères durent déménager le premier dimanche de carême en 1221, occupant à Sainte Sabine les locaux déjà existants au-dessus du narthex de la basilique où se trouvent aujourd’hui la cellule de Saint-Dominique et le « dortoir ».
Basilique
En entrant dans la basilique par la porte latérale, on peut voir une fresque au-dessus de l’ancienne porte d’entrée du narthex. La scène illustrée fait référence à un récit de Sœur Cécile qui prouve non seulement que la divine providence accompagnait Dominique et son peuple en tout temps, mais aussi que les frères s’étaient installés sur l’Aventin. Après une soirée passée à Saint-Sixte, il était tard et les moniales craignaient que Dominique ne rentre au milieu de la nuit. Mais il répondit à leurs objections : “Le Seigneur veut absolument que je parte : il enverra son ange pour nous accompagner[32]. Et quand ils quittèrent le couvent Saint-Sixte, l’ange les attendait déjà :
« Un très beau jeune homme était debout près de la porte, tenant un bâton dans sa main, comme prêt à marcher, et il commença à les précéder en chemin. Le bienheureux Dominique envoya les frères qui l’accompagnaient entre lui et ce jeune homme, et lui marchait en troisième place derrière eux. Lorsqu’il fut arrivé à l’église, ils la trouvèrent close et soigneusement fermée à clé. Ce jeune homme se dirigea vers un côté de la porte et elle s’ouvrit aussitôt devant eux. »[33].
La basilique de Sainte Sabine a largement conservé son aspect de la fin de l’Antiquité et du début du Moyen Âge, ce qui est particulièrement vrai pour l’architecture harmonieuse qui reflète les canons du classicisme romain. En ce lieu, saint Dominique a prêché et prié, se remettant lui-même et sa fondation entre les mains de Dieu. Ceux qui l’ont connu s’accordent à dire qu’il était fervent et persévérant dans la prière et qu’il venait à l’église surtout la nuit pour veiller et prier. L’hagiographie et les légendes rappellent sa prière. L’une des légendes est particulièrement liée à Sainte Sabine. Gérard de Frachet raconte :
« Une nuit que le saint homme, étendu de tout son long, était prosterné en prière, le diable, empli d’envie à son égard, jeta près de lui, du toit de l’église, une grande pierre, avec une force telle qu’elle fit du fracas dans toute l’église : c’était pour le détourner de sa prière assidue. La pierre vint si près qu’elle toucha même le capuce de sa chape. Comme le saint homme demeurait immobile dans la prière, le diable aussitôt se retira confus en hurlant d’une voix terrible ».[34]
Cette pierre, appelée “pierre du diable”[35], est toujours conservée dans la basilique et se trouve maintenant à côté de la niche abritant l’icône du saint. Au centre de la schola cantorum, une inscription sur la pierre tombale centrale marque le lieu de prière de saint Dominique. Une autre inscription plus ancienne sur la même pierre tombale rappelle que les saintes martyres Sabine et Sérapie ainsi que d’autres martyrs vénérés dans la basilique y ont été enterrés. Le sarcophage avec ses reliques se trouve aujourd’hui sous le maître-autel. Les fissures de la pierre tombale ont une fois de plus [36]réveillé l’imagination des gens du Moyen-âge qui pensaient qu’elles représentaient les dégâts causés par la pierre jetée par le diable.
Dortoir
Au-dessus du narthex de la basilique se trouvent les cellules que les frères allèrent habiter en 1221. La construction de l’escalier monumental a détruit une grande partie du bâtiment médiéval, à l’exception de la cellule de Saint Dominique et du “dortoir”. Le lieu a été transformé en musée vers 2010, mais on peut encore voir les arcs du pentacle du narthex et les restes d’un escalier menant au belvédère permettant au frère portier d’aller voir qui sonnait à la porte du couvent. Une seconde vision de saint Dominique liée au dortoir est racontée par Sœur Cécile. Un soir, alors que Dominique était dans le dortoir, il vit trois femmes : l’une avec un seau, l’autre avec un goupillon et la troisième bénissant les frères en faisant le signe de croix sur eux, les aspergeant avec le goupillon que la deuxième femme lui tendait. À la fin de la bénédiction, Dominique s’est approché d’elle et lui a demandé qui elle était. Et elle a répondu : “C’est moi que vous invoquez chaque soir[37]et quand vous dites Eja ergo, advocata nostra, je m’agenouille devant mon Fils pour la conservation de cet Ordre”[38].
Dès l’origine, Dominique et ses frères avaient confié l’Ordre à la protection de la Mère de Dieu, ce qui ressort également de la deuxième partie de cette histoire qui sera citée plus loin.
Cellule
Malgré la transformation de la cellule en chapelle, conçue par Gian Lorenzo Bernin, la cellule actuelle rappelle encore les cellules médiévales des frères et reflète l’esprit de simplicité et de modestie de saint Dominique qui devait marquer son Ordre. La tradition veut que la rencontre entre Dominique, François et l’ange du carmel, mentionnée dans la fresque sur la voûte, ait eu lieu ici. Le véritable noyau de la question se trouve dans les différentes sources qui parlent d’une rencontre entre Dominique et François ; selon le biographe de saint François, Thomas de Celano, qui était en contact avec les fondateurs des deux Ordres[39], cette rencontre a eu lieu dans la maison du cardinal Ugolin d’Ostie à Rome. Probablement d’après le récit de Thomas de Celano, la tradition est passée de la maison d’Ugolin au couvent de Ste. Sabine puisque les deux lieux se trouvaient dans la même ville.
Au-dessus de la fenêtre, est accroché un petit bas-relief. Il n’appartient pas au mobilier d’origine de la cellule-chapelle mais il évoque une fois de plus la vénération de Marie dans l’Ordre des Prêcheurs et la relation particulière que l’Ordre a su préserver avec elle au cours des siècles.
« Le bienheureux Dominique (…) fut soudain ravi en esprit devant Dieu et vit le Seigneur et la bienheureuse Vierge qui était assise à sa droite. Il semblait à ce même bienheureux Dominique que notre Dame était revêtue d’un manteau de la couleur du saphir. Le bienheureux Dominique en regardant alentour vit devant le Seigneur des religieux de tous les ordres, mais du sien aucun ; il commença à pleurer très amèrement, et se tenant à distance il n’osait pas s’approcher du Seigneur et de sa mère. Alors notre Dame lui fit signe de la main de venir à elle, mais lui n’osait pas s’approcher, jusqu’à ce que le Seigneur l’appelât. Alors le bienheureux Dominique s’approcha d’eux et se prosterna devant eux en pleurant très amèrement. Le Seigneur lui dit de se lever. Après qu’il fut levé, le Seigneur l’interrogea en lui disant : « Pourquoi pleures-tu ainsi très amèrement ? » Il dit : « parce que j’en vois ici de tous les ordres, et pourtant je n’en aperçois aucun du mien. »Et le Seigneur lui dit : « Tu veux voir ton ordre ? » Et lui répondit en tremblant : « Oui, Seigneur. » Le Seigneur, posant sa main sur l’épaule de la bienheureuse Vierge, lui dit : « J’ai confié ton ordre à ma mère. » Et il lui dit à nouveau : « Tu veux vraiment le voir ? » Et il répondit : « Oui, Seigneur. » Alors la bienheureuse Vierge ouvrit le manteau dont elle semblait vêtue, et le déploya devant le bienheureux Dominique : Il lui sembla qu’il était d’une telle grandeur qu’il semblait contenir toute la patrie céleste, et dessous il vit une grande multitude de frères. Voyant cela, le bienheureux Dominique se prosterna et rendit grâces à Dieu et à la bienheureuse Vierge Marie sa mère et la vision disparut. »[40]
A la fin de l’itinéraire romain des lieux de saint Dominique, la cellule, lieu hautement symbolique, invite à une prière, demandant la bénédiction du Père et l’intercession de la sainte Vierge Marie et de saint Dominique.
Notre Père qui es aux cieux,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite
sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour,
Pardonne-nous nos offenses
comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés,
et ne nous laisse pas entrer en tentation,
mais délivre-nous du mal.
Car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire pour les siècles des siècles.
Amen.
Sub tuum praesídium confúgimus,
sancta Dei Génetrix ;
nostras deprecatiónes ne despícias
in necessitátibus ;
sed a perículis cunctis
libera nos semper,
Virgo gloriósa et benedícta.
Sous ta protection, nous cherchons refuge,
Sainte Mère de Dieu :
ne méprise pas nos appels
quand nous sommes dans les épreuves,
mais délivre-nous de tout danger,
ô Vierge glorieuse et bénie.
O lumen Ecclesiae,
Doctor Veritatis,
Rosa patientiae,
Ebur castitatis,
Aquam sapientiae
Propinasti gratis
Praedicator gratiae
nos junge beatis.
Ô lumière de l’Église,
Docteur de vérité,
Rose de patience,
Ivoire de chasteté !
L’eau de la sagesse,
tu l’as donnée à boire gracieusement:
Prédicateur de la grâce,
joins-nous aux bienheureux.
Notes
[1]Libellus 40-41. Pour : Le “Libellus principiis Ordinis Praedicatorum” du Bienheureux Jourdain de Saxe n° 40-41, in : Lippini, Peter (ed.), St. Dominique vu par ses contemporains, Bologne 21982, 40-41.
[2] Concile du Latran IV, chapitre I. dans : http://www.intratext.com/IXT/ITA0138/_P1.HTM (25.5.2020).
[3] Ibid, chapitre X.
[4] Ibid.
[5] Ibid, chapitre XIII.
[6]Légende 26 Pour : Costantin d’Orvieto, Légende de Saint Dominique Fondateur de l’Ordre des Frères Prêcheurs, ed. Pietro Ferrato, Venise 1867,
[7]Libellus 42.
[8] L’appartenance de Cencio à la famille Savelli est aujourd’hui fortement contestée. Cf. Carocci, Sandro / Vendittelli, Marco, Onorio III, in :Encyclopedie des Papes, http://www.treccani.it/enciclopedia/onorio-iii_(Encyclopedia-dei-Papi)/ (25.5.2020). Pour cette raison, la donation de Ste. Sabine aux Frères Prêcheurs ne peut pas être expliquée comme une donation d’une partie de la propriété familiale du Pape (autour de l’actuel jardin des orangers, les murs de la forteresse de Savelli sont encore visibles).
[9]Libellus 45.
[10] Cf. Lippini, p. 66, n° 86.
[11]Procès de Bologne 12. Pour : Actes du procès de Bologne, in : Lippini, Pietro (ed.), San Domenico vu par ses contemporains, Bologne 21982, p. 262.
[12] Ibid.
[13] Cf. 1 Cor 9.22.
[14]Libellus 15.
[15] Mt 10.7.
[16]Procès de Bologne 29.
[17] Ibid.
[18]Légende 39.
[19]Légende 43-44.
[20]Sœur Cécile avait dix-sept ans lorsqu’elle rencontra saint Dominique. Dans sa vieillesse, elle dicta ses souvenirs à une certaine sœur Angélique, probablement peu avant 1288 (cf. Lippini p. 170-172). Les “Miracles du bienheureux Dominique” sont influencés d’une part par la dévotion de l’époque et contiennent probablement quelques exagérations et quelques incertitudes, mais ils constituent néanmoins une source importante pour les séjours de Dominique à Rome vers les années 1220 et 1221.
[21] Miracles 3. pour : Les miracles du Bienheureux Dominique de Sœur Cecilia, in : Lippini, Pietro (ed.), Saint Dominique vu par ses contemporains, Bologne 21982, pp. 190-191.
[22] Vous trouverez un bref aperçu des différentes versions du “miracle du pain” dans Lippini, p. 193 no. 14.
[23]Miracles 1.
[24]Libellus 100.
[25]Cf. légende 56.
[26] Cf. Miracles 12.
[27] Ibid.
[28] Mais pas seulement elle. Il en va de même, en partie, pour Jourdain dans le libellus, Constantin dans la légende et Gérard de Frachet dans le vitae fratrum.
[29] Miracles 14.
[30] Le déménagement a eu lieu le premier dimanche de Carême, le 28 février 1221.
[31] Aujourd’hui, l’icône ne se trouve plus à Saint-Sixte, bien qu’elle soit toujours conservée par les moniales dominicaines qui l’ont emportée avec elles lorsqu’elles ont déménagé au couvent de Saint-Dominique et Saint-Sixte en 1575 et de là au couvent de Sainte-Marie-du-Rosaire sur le Monte Mario en 1931.
[32]Miracles 6.
[33] Ibid. Des miracles 6.
[34] Vitae fratrum 77.
[35] En fait, il s’agit d’un poids romain antique qui a probablement été trouvé à proximité du forum de Bohême, sous l’Aventin.
[36] Les fissures sont dues au déplacement de la dalle par l’architecte Domenico Fontana au XVIème siècle. Vitæ Fratrum – 85 –
[37] Réciter ou chanter l’antienne Salve Regina.
[38] Miracles 7.
[39] Cf. Thomas de Celano CIX.
[40] Miracles 7.
L’horizon est toujours plus vaste et plus complet vu d’en haut. Il en va de même pour la vie, si nous l’observons à partir de son accomplissement. Dominique a été canonisé à Rieti. Au début de notre voyage sur les traces de Dominique, la réalisation d’un rêve, d’un projet, de nuances seulement entrevues mais désirées, devient plus proche. Parce qu’il est plus facile d’affronter les difficultés et les défis de la vie, quand nous gardons notre objectif ancré dans notre cœur. Mais quel objectif ? Pour Dominique, c’était la réponse à la recherche d’un sens profond : la rencontre avec la Vérité. Mais pas, cependant, comme quelque chose d’abstrait. La Parole de Dieu s’est faite “enfant” dans le Christ : ce que je cherche est peut-être caché dans les gémissements de petites intuitions étouffées, parfois, par les peurs, les défaites, les blessures, l’orgueil. Ce que je cherche, je le trouverai peut-être en ouvrant et en écoutant la Parole. Dominique est tombé amoureux de la Parole : “Dès que tes paroles se sont trouvées, je les ai mangées : tes paroles sont devenues ma joie et l’allégresse de mon cœur, parce que ton nom a été invoqué sur moi” (Jérémie 15,16).
Au début du voyage, dans cette première étape, je regarde la vie de Dominique à partir de son accomplissement. En partant de sa sainteté. J’essaie aussi de regarder ma propre vie avec un regard plus profond. Maintenant, c’est vrai, je ne comprends pas le sens de tout. Mais un jour, vus “d’en haut”, tous les événements, les rencontres, les choix, les joies et les peines, trouveront un sens plus complet. En attendant, la Providence m’accompagne dans mon voyage. Il ne me laissera pas manquer de lumière, de pain et de main tendue sur le chemin. Dominique a fait confiance à Dieu, même lorsque tout semblait obstruer le chemin qu’il pensait devoir emprunter. Même lorsque le but qu’il entrevoyait semblait trop éloigné. Une chimère ! L’illusion d’un jeune homme qui était trop rêveur. D’un jeune homme qui croyait en l’homme : en son intelligence, en son cœur. Dans le silence, à l’écoute de la vie et de l’histoire, Dominique s’est trouvé et a trouvé le chemin à suivre.
A Rieti, nous rencontrons également une fille de Dominique. Colomba était amoureuse de la vie. Elle aimait les gens, la nature, l’art, la danse. C’était une femme courageuse, qui a travaillé de toutes ses forces pour apporter la paix à Pérouse, où elle avait fondé un monastère. Son sourire à la vie n’était pas une gaieté simple et épidermique : il était alimenté par une pénitence silencieuse, par un amour intense pour le Seigneur et pour tous ses enfants. Son père spirituel Sebastiano Angeli OP écrivait ému “que c’est elle qui nous a ramenés sur le droit chemin, nous, misérables et pécheurs”. La bienheureuse Colomba est pour nous une invitation à redécouvrir cette douceur qui, en elle, cachait une extraordinaire force d’esprit, mais aussi son attention aux plus petits et son travail continu et patient de pacification, qui ne cédait jamais à la partialité de l’esprit. Ce message est plus éloquent que jamais aujourd’hui, dans un monde fracturé par les guerres, les luttes pour le pouvoir, l’égoïsme et la haine. Colomba devient un instrument fécond de paix et un canal privilégié de communion grâce à la mise en valeur des dons entièrement féminins de sensibilité, d’équilibre, de concrétion, de force d’âme, de créativité attentionnée, mais aussi de courage, de clairvoyance, de capacité de prévenance et de soin. Peut-être, en effet, la femme est-elle ce “point culminant” qui unit le début et la fin, les intuitions et la réalisation des rêves, la vie et la mort, en réconciliant les extrêmes. Elle nous fait voir notre existence d’un point de vue plus créatif, nouveau, plein de lumière et d’espoir. C’est pourquoi le Père a dit à Catherine de Sienne que Dominique “était une lumière que j’ai apportée au monde par Marie” (Sainte Catherine de Sienne, Dialogue sur la Divine Providence CLVIII, 478-479). Qui mieux que la Mère de Jésus était apte à unir le ciel et la terre, et à ramener tous les hommes au Cœur de Dieu ?
(Moniales dominicaines – Pratovecchio)
L’église de S. Domenico, annexée au couvent de l’Ordre des Prêcheurs (Dominicains) de Rieti, a été pendant des siècles la basilique la plus riche et la plus intéressante de la ville sur le plan artistique. Elle a été déclarée officiellement érigée par la province romaine en 1268. Au fil des ans, l’église a été abandonnée, entraînant la perte de presque toutes ses décorations, à tel point qu’en 1779, le prieur, le père Scalmazzi, se plaignant de l’état dans lequel elle se trouvait, a proposé sa démolition et sa reconstruction dans un style baroque plus moderne. Suite à la Révolution française, l’église des Dominicains fut fermée (18 juin 1810). Avec l’unification de l’Italie, les pères dominicains ont été expulsés de Rieti et le couvent de Saint-Dominique a été utilisé comme caserne militaire. L’église, en particulier, servait à loger les soldats : ainsi profanée, elle fut interdite de culte en 1890.
Du XIIIe au XVIIIe siècle, l’église fut un immense chantier qui marqua les étapes de l’évolution de l’art sacré selon la tradition établie, du roman au gothique, de l’âge de la Contre-Réforme à l’âge baroque. Actuellement la structure extérieure, après les travaux de rénovation, est simple, les façades sont formées par des blocs de travertin. Sur la façade principale se trouve la porte d’entrée en bois, surmontée d’un arc en plein cintre et d’un tympan sur les côtés duquel se trouvent deux petites fenêtres. Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, au-dessus de ce portail, il y avait une rosace à la place de laquelle, aujourd’hui, on peut voir une grande fenêtre. L’intérieur consiste en une seule et large nef.
La canonisation de Dominique eut lieu à Rieti en 1234. Les sources sont pratiquement unanimes pour indiquer la date de l’événement et le nom de la ville. En juillet de cette année-là, en effet, Grégoire IX proclama la sainteté du saint fondateur de l’Ordre des Prêcheurs, l’inscrivit au catalogue des saints et fixa la fête liturgique au 5 août, veille de l’anniversaire de sa mort.
[Source : http://www.prefettura.it/rieti/contenuti/Chiesa_di_san_domenico_rieti-78257.htm
http://www.frontierarieti.com/la-canonizzazione-di-san-domenico-a-rieti/
Vicaire : pp. 667-668
Bulle de canonisation Fons Sapientiae
A Viterbe, Honorius III donna Saint Sixte à Dominique pour qu’il y fonde un monastère de moniales: des femmes qui, par l’itinérance du cœur, accompagneraient leurs frères et sœurs avec leurs prières sur les routes du monde afin que la lumière du Verbe puisse atteindre le cœur de chacun.
Dominique était un grand marcheur. Lorsqu’il partit avec son évêque pour le Danemark, dans le seul but d’arranger un mariage entre la fille du roi de Castille et un jeune noble de ce pays, il ne sait pas que le voyage n’atteindra pas son objectif. Cependant, sur cette route, le long de ce chemin, sa vie allait changer. Pour toujours.
Les voyages changent la vie. Nous planifions quelque chose, et puis quelque chose de différent et d’inattendu se produit. Souvent, quelque chose de beau. Parfois, nous prenons un mauvais virage, et nous faisons peut-être des rencontres que nous n’aurions pas faites sur la bonne route. Quelque chose d’inattendu nous surprend, nous fait entendre un appel intérieur que nous n’avions jamais perçu.
Le voyage transforme la vie. Surtout si vous choisissez de marcher dans votre propre âme, de visiter les lieux intérieurs les plus inconnus, qui semblent parfois effrayants ou menaçants, et qui peuvent au contraire être un lieu de grâce et de salut. Visiter notre cœur signifie être prêt à voir ce qui est mauvais, mais aussi ce qui est merveilleux. Mais nous avons besoin d’un regard nouveau, différent.
Dominique avait la capacité de se laisser défier par les événements extérieurs, par les rencontres fortuites de la vie, et de permettre que ses plans et ses rêves soient chamboulés, en prenant des chemins complètement nouveaux.
Le Père Henri Dominique Lacordaire op a vécu son noviciat à Viterbe, grand artisan de la renaissance de l’Ordre au XIXe siècle, dont il disait : ” Rien de plus neuf, rien de plus adapté à notre temps “. Parce qu’un Ordre qui écoute l’histoire – en suivant l’exemple de son fondateur – ne peut jamais finir. Un Ordre en mouvement fera toujours l’expérience de la beauté d’être surpris, accompagné, envoyé et protégé par la tendresse et la providence de Dieu.
Autres saints ou personnages importants de l’Ordre à Viterbe : Lacordaire, Danzas, Cormier.
(Moniales dominicaines – Pratovecchio)
Au cours des mois de juillet et août 1467, une peste frappa tout le nord du Latium et de nombreux fidèles se rendirent sous le chêne pour invoquer la miséricorde. Environ 30 000 personnes se rassemblèrent pour prier et en moins d’une semaine, inexplicablement, la peste cessa.
Suite à ces événements, le 20 septembre 1467, près de 40 000 habitants du Haut-Latium, avec à leur tête l’évêque de Viterbo Pietro Gennari, vinrent remercier la Madone et, avec les nombreuses offrandes faites par les différentes communautés, il fut décidé de construire une église. Le pape Paul II donna l’autorisation de construire une petite église confiée aux pères jésuites du Bienheureux Colombini mais à peine deux ans plus tard, en 1469, la garde de l’image sacrée passa aux pères dominicains et grâce à l’énorme quantité d’offrandes des dévots, il fut décidé de construire une plus grande église qui, probablement conçue par Giuliano da Sangallo, fut commencée en 1470 par la municipalité.
Grâce, entre autres, aux Pères dominicains, qui la considéraient comme leur sainte patronne, le culte de la Vierge du Chêne se développa de plus en plus et s’étendit à toute l’Italie et à l’Europe : il suffit de rappeler que le Père Henri Lacordaire, d’abord avocat à Paris pendant la Révolution française et ensuite frère dominicain, voulut lui confier l’ordre dominicain français refondé et apporta avec lui à Nancy, dans le premier couvent rouvert en France en 1843, une copie réalisée par un ami peintre, le Fr G. Bessòn. En 1867, le pape Pie IX proclama comme basilique l’église du Chêne et en 1873, l’État italien prit possession du complexe qui fut déclaré monument national immédiatement après.
[Source : http://www.viterboinrete.it/joomla/it/monumenti/chiese/41-basilica-della-madonna-della-quercia
Dominique avait le don des larmes et plus particulièrement, il pleurait en célébrant l’Eucharistie. Il vécut intensément la rencontre avec Dieu et l’intercession pour tous ses frères et sœurs, qu’il gardait dans son cœur. Quelle est la signification des larmes ? Parfois, elles sont un lieu de guérison. Un signe de libération. La plupart du temps, elles ne sont pas agréables, en soi. Pourtant, Dieu est si grand qu’il sait les transformer en un instrument de purification et de vie. Elles sont comme l’eau qui lave l’âme et rend le corps plus beau, parce qu’elle donne aussi une plus grande unification intérieure.
Dominique ressentait fortement cette unité lorsqu’il se tenait à l’autel et, les bras tendus, portait à Dieu les angoisses, les chemins, les rêves des gens. Il a donné à Dieu les larmes de tous, afin qu’il en fasse un instrument de libération, de transformation, de conversion et d’une nouvelle beauté. Les larmes, parfois, coulent abondamment. Comme lorsque nous prenons conscience des erreurs de notre vie. Comme quand le chemin devient rude. Quand on ne se sent pas le bienvenu ou quand nos pieds nous font mal, sur la route de l’existence. Ces larmes, cependant, seront bénies si, comme Dominique, nous les unissons au sacrifice du Christ qui se renouvelle chaque jour sur l’autel. Et, en se renouvelant, il rend aussi nos larmes précieuses.
Il est temps de repartir. Temps de recommencer. Temps de se donner du temps. Temps pour la rencontre. Il est temps de se lever et de marcher. En chemin, en ouvrant les yeux, en tendant les oreilles, en sentant les parfums, en marchant sur les routes et en scrutant l’horizon, nous ferons peut-être de nouvelles rencontres importantes. Avec nous-mêmes, tout d’abord. Et avec Dieu, qui a toujours été caché dans les profondeurs de nos cœurs, et vraiment présent dans la très Sainte Eucharistie.
Avec les mots de ce merveilleux Hymne de Saint Thomas d’Aquin, nous voulons l’invoquer :
“Je t’adore dévotement, Dieu caché
Qui sous ces apparences vraiment prends corps,
À Toi, mon cœur tout entier se soumet
Parce qu’à te contempler, tout entier il s’abandonne.
La vue, le goût, le toucher, en toi font ici défaut,
Mais t’écouter seulement fonde la certitude de foi.
Je crois tout ce qu’à dit le Fils de Dieu.
Il n’est rien de plus vrai que cette Parole de vérité.
Sur la Croix, se cachait ta seule divinité,
Mais ici, en même temps, se cache aussi ton humanité.
Toutes les deux, cependant, je les crois et les confesse,
Je demande ce qu’a demandé le larron pénitent.
Tes plaies, tel Thomas, moi je ne les vois pas,
Mon Dieu, cependant, Tu l’es, je le confesse,
Fais que, toujours davantage, en toi je crois,
Je place mon espérance, je t’aime.
O mémorial de la mort du Seigneur,
Pain vivant qui procure la vie à l’homme,
Procure à mon esprit de vivre toi
Et de toujours savourer ta douceur.
Pieux pélican, Jésus mon Seigneur,
Moi qui suis impur, purifie-moi par ton sang
Dont une seule goutte aurait suffi à sauver
Le monde entier de toute faute.
Jésus, que sous un voile, à présent, je regarde
Je t’en prie, que se réalise ce dont j’ai tant soif,
Te contempler, la face dévoilée,
Que je sois bienheureux, à la vue de ta Gloire.”
(Moniales dominicaines – Pratovecchio)
Un jour de l’année 1263 (ou 1264), peut-être à la fin de l’été, arriva à Bolsena un prêtre allemand, auquel la tradition attribua plus tard un nom, Pierre, et une ville d’origine, Prague. Toujours selon la tradition, Pierre avait entrepris ce long et inconfortable pèlerinage pour se sentir renforcé dans les vérités de la foi qui, à l’époque, remettaient en question son identité de prêtre, et surtout la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie. Dans l’esprit de Pierre, le souvenir de la martyre Cristine, dont la force d’âme n’avait pas faibli face au martyre, avait ouvert une brèche. Après avoir vénéré avec dévotion la tombe de la sainte, il y célébra l’Eucharistie. À nouveau, des doutes commencèrent à troubler son esprit et son cœur ; il pria intensément la sainte d’intercéder auprès de Dieu pour qu’il lui donne cette force, cette certitude de foi qui l’avait distinguée dans l’extrême épreuve. Au moment de la consécration, alors qu’il tenait l’hostie au-dessus du calice et qu’il prononçait les paroles rituelles, l’hostie apparut visiblement rougie de sang qui coula abondamment, mouillant le purificatoire. Le prêtre n’avait pas la force de continuer le rite ; plein de confusion et de joie, il enveloppa les espèces eucharistiques dans le purificatoire et se rendit à la sacristie. En chemin, quelques gouttes de sang tombèrent sur le sol en marbre et sur les marches de l’autel.
Lors du miracle eucharistique de Bolsena, Thomas d’Aquin a joué un rôle vraiment important. Le pape Urbain IV et le Docteur Angélique ont tous deux pu immédiatement vérifier personnellement le prodige. Dans les hymnes eucharistiques de Thomas apparaît l’union profonde avec le Christ qu’il a vécue tant de fois et qui se manifeste d’une manière particulière dans un épisode remontant à son séjour à Naples. Un jour, en priant devant le Crucifix, Thomas demanda au Seigneur de lui faire connaître son opinion sur ce qu’il avait écrit sur la foi chrétienne. Et le Crucifix répondit, en toute simplicité : “Tu as bien écrit de moi, Thomas, et quelle récompense désires-tu ?”. Saint Thomas répondit alors : “Rien d’autre que toi-même, ô Seigneur”.
Les reliques qui témoignent encore de cet événement prodigieux sont : l’hostie, le purificatoire et le calice conservés dans la « Cappella del Corporale” de la cathédrale d’Orvieto ; en particulier, l’hostie et le purificatoire sont conservés, depuis 1337, dans ce joyau de l’orfèvrerie siennoise qu’est le reliquaire d’Ugolino da Vieri ;
– l’autel sur lequel s’est produit le prodige, un artefact stupéfiant datant du VIIIe siècle, est placé depuis la première moitié du XVIe siècle dans le vestibule de la petite basilique hypogée de Santa Cristina à Bolsena ;
– quatre plaques de marbre maculées d’un sang prodigieux sont vénérées depuis 1704 dans la nouvelle chapelle du Miracle, construite pour accueillir dignement les reliques laissées à Bolsena. Une cinquième, en 1574, a été donnée à l’église paroissiale de Porchiano del Monte.
[Source : http://www.basilicasantacristina.it/index.php/it/il-miracolo ; https://www.parrocchia-sanmichele-neviano.it/corpus-domini-i-cinque-inni-eucaristici-di-san-tommaso-daquino/]
Sur le chemin de Dominique, après l’expérience des larmes, nous rencontrons une autre eau dans laquelle s’est immergée celle qui, plus que toute autre, a incarné et transmis le charisme du fondateur : Catherine de Sienne. L’expérience que le Saint vécut à BagnoVignoninous fait réfléchir sur le sens de ces eaux qui sont capables de laver profondément notre âme et notre vie, sur le véritable bien-être de l’être humain, qui ne peut se limiter à la sphère du corps mais s’étend à l’ensemble de la personne. Rien, en effet, ne peut apporter à l’homme la santé, la vigueur, la joie véritable et durable s’il ne se réconcilie pas avec Celui qui, à lui seul, peut rendre cette beauté authentique déjà reçue dans le don du baptême. Seule la communion avec Dieu et le retour à une vie menée dans son étreinte paternelle peuvent nous rendre cette santé de l’âme qui se reflétera également dans notre corps. S’immerger dans ces eaux devient alors une expérience de confiance, de retour. Une occasion de redécouvrir notre vocation d’enfants. Après les larmes, nous avons besoin d’un bain de régénération et de renaissance. Nous sommes, en effet, créés à l’image et à la ressemblance de ce Dieu qui est relation : Père, Fils et Saint-Esprit. Plongeons donc dans son immense amour.
Avec Catherine de Sienne, notre voyage prend aussi un nouveau nom : le ” chemin des larmes ” devient, ici, le ” chemin de la lumière ” (Sainte Catherine de Sienne, Dialogue, CLIV, 95). Les sacrements, en effet, nous donnent un nouveau regard sur la vie, sur nous-mêmes et sur Dieu. Tout est soudain illuminé. Et nous acquérons la capacité de voir “au-delà”. En particulier, se réconcilier avec Dieu signifie accueillir son étreinte comme Père et Mère. Sur le chemin de Dominique, une nouvelle lumière veut éclairer nos vies. Suivons-la.
(Moniales dominicaines – Pratovecchio)
Le Mont Amiata vue de la piscine de Bagno Vignoni, avec en toile de fond le Val d’Orcia, est l’une des plus belles vues de la province de Sienne. L’eau chaude qui coule ici est l’un des nombreux cadeaux de l’antique montagne.
Bagno Vignoni est un village médiéval, bien que l’origine des thermes, comme celle desBagnidi San Filippo, soit très probablement étrusque ; une pierre tombale (mentionnée dans une épigraphe) à l’intérieur de l’actuel complexe thermal atteste de la présence des Romains. La place principale est constituée d’un immense bassin d’eau chaude et vaporeuse, qui, en hiver surtout, crée une atmosphère magique, immergée dans le paysage de Léonard de Vinci qui entoure le village. L’eau a remplacé le pavage typique de la place italienne. Autour de la piscine, un palais Renaissance, attribué à Bernardo Rossellino, le créateur de Pienza, surgit de l’eau comme une vision, tandis que la loggia médiévale et la chapelle adjacente sont dédiées à Sainte Catherine de Sienne, qui fréquenta ces lieux. La LegendaMaior de Raimondo da Capua et la Legenda Minor de Tommaso Caffarini rapportent le désir de Monna Lapa, la mère de Catherine, de détourner sa fille de son désir de se donner entièrement à Dieu avec les eaux chaudes et sensuelles du volcan. Mais au lieu de profiter du bien-être et de la détente que nous recherchons aujourd’hui à BagnoVignoni, Catherine utilisa les eaux bouillantes comme un instrument de pénitence. Elle séjourna à Bagno Vignoni de 1362 à 1367 et y retournaprobablement en 1377, l’année de son séjour à la Rocca de Tentennano. Le “Vascone” (grande vasque) qui porte son nom n’est plus utilisable et l’eau s’écoule vers la piscine et sur les pentes raides autour du village, en donnant naissance à de petites cascades qui confère à la colline une couleur blanchâtre typique.
Le lieu a été choisi pour les scènes les plus évocatrices du film Nostàlghia d’Andreij Tarkovskij, qui en a fait un écrin de désolation métaphysique pour ses personnages perdus. En fait, Bagno Vignoni est idéal pour des promenades en solitaire dans les petites rues médiévales, aujourd’hui remplies d’excellents restaurants et bars à vin.
Bagno Vignoni possède une atmosphère unique. Situé comme un joyau au cœur du Val d’Orcia, il offre une vue imprenable sur la campagne toscane la plus typique, que l’on peut contempler d’ici comme à partir d’une terrasse naturelle.
[Source : https://terre-di-toscana.com/terreditoscana/bagno-vignoni-da-santa-caterina-ad-andreij-tarkovskij/]
Dominique n’est pas allé à Montepulciano. Mais c’est là que vivait Ste. Agnès. Cela nous aide à comprendre un aspect fondamental de Dominique : c’était un homme profondément contemplatif. C’était le plus sociable et joyeux des hommes. Et pourtant, il aimait prendre ses distances d’avec ses compagnons lorsqu’ils arpentaient les routes d’une ville à l’autre. À ses confrères, il disait : “Pensons à notre Sauveur.” C’est la prière du cœur. C’est essayer de marcher avec ce Nom sur les lèvres pour que, descendant dans nos cœurs, il les remplisse de paix.
Agnès représente l’âme contemplative de Dominique. Celle qui, dans le monastère, a donné sa vie pour que tout homme puisse recevoir la Parole du Christ, elle est devenue la matrice de cette Parole. La moniale dominicaine était appelée à faire naître l’Amour dans le monde, surtout à travers la prière d’intercession et la communion de vie. Elle était appelée à s’illuminer de joie pour Dieu. Pour briller de sa lumière, qui se reflète sur le visage de ceux qui le cherchent : “Je suis la lumière du monde ; celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais aura la lumière de la vie” (Jn 8,12).
Avant d’être une moniale, Agnès était une simple femme. Une femme authentique, avec cet instinct maternel naturel qui se traduit par l’attention à son prochain, le souci des autres, de ses consœurs. Véritable fille de saint Dominique, elle était habitée par la miséricorde et la compassion. L’une de ses nombreuses particularités était la suivante : intercéder pour les mères. Elle continue à le faire aujourd’hui, notamment pour celles qui veulent avorter, pour celles qui désirent une grossesse qui ne vient pas, pour celles qui ont des grossesses difficiles. Agnès continue de s’occuper de tant de femmes, comme si elle continuait à exercer sa maternité. A elle, à cette amie, nous pouvons confier nos soucis, nos angoisses, et ceux que nous aimons. Parfois, le miracle auquel nous aspirons ne se produit pas. Peut-être, qu’il faut s’adapter à la réalité qui veut que cela ne se passera pas comme nous le souhaitons, mais cela se passera quand même. Parce que la prière, sans aucun doute, change d’abord et avant tout notre cœur.
(Moniales dominicaines – Pratovecchio)
Le sanctuaire de Sainte Agnès est situé dans un espace qui domine la partie basse du centre historique, surplombant les bastions du XVIe siècle de la Porta al Prato. Il se dresse sur une colline à l’extérieur des murs de la ville et a été fondé par Sainte Agnès Segni (1268-1317), une moniale dominicaine, en 1306. La colline choisie par la Sainte pour construire son église, après une vision d’un escalier qui, à partir de ce sommet réunissait le ciel et la terre, était utilisée pour des maisons de tolérance et Sainte Agnès la racheta pour 1200 lires. La colline, qui était un lieu de péché, devint un lieu de prière. L’église, le cloître monumental et son couvent, aujourd’hui complètement transformés, abritent le corps intact de sainte Agnès et plusieurs de ses reliques. La sainte de Montepulciano était une mystique et Dieu l’a comblée de nombreuses faveurs célestes : visions célestes, extases et prodiges sont autant de grâces spirituelles qui lui ont été accordées.
L’église originelle fut agrandie en 1311 et prit le nom de S. Maria Novella, mais immédiatement après la mort de la sainte, les fidèles commencèrent à l’appeler l’église de Ste. Agnès. À la fin du XVIIe siècle, elle subit des rénovations radicales car, comme nous le lisons dans l’hagiographie sur la vie de la sainte, elle avait été construite avec du torchis et de simples cannes. La façade de l’église, recouverte au XXe siècle de bandes horizontales de travertin blanc et ocre, présente encore le portique du XIVe siècle. L’intérieur n’a qu’une seule nef voûtée en berceau et conserve l’urne contenant le corps de la Sainte en marbre précieux. Le cénotaphe est décoré de statues en stuc représentant Sainte Agnès entourée d’anges. Le sanctuaire est richement décoré de peintures et fresques de l’école de Simone Martini, Raffaello Vanni, Ulisse Giocchi, Giovanni da San Giovanni, Salvi Castellucci et Nicola Nasini. Le vitrail de la rosace centrale représentant la sainte est attribué à Bano di Michelangelo da Cortona. Le crucifix en bois du XIIe siècle, devant lequel Sainte Agnès priait en s’élevant du sol, est une œuvre de l’école rhénane allemande. À côté du sanctuaire se trouve le couvent ; le cloître monumental a été construit et décoré – entre 1603 et 1756 – avec une fresque illustrant des scènes de la vie de Sainte Agnès.
La fête liturgique de Sainte Agnès est le 20 avril, mais la fête populaire de la sainte est le 1er mai.
[Source : Lucia Tremiti sur http://www.montepulcianoblog.com/montepulciano-il-santuario-di-santagnese/]
Dominique marche, épuisé de fatigue, et il arrive à Sienne. Ici, il ne doit pas demander l’hospitalité à des étrangers car ses propres enfants sont là pour le recevoir. Ils ont souhaité s’installer à l’hospice de Santa Maria Maddalena et c’est là qu’il a été accueilli. Cette ville sera un jour le lieu de naissance de celle qui, plus que toute autre, incarnera et transmettra le charisme du fondateur : Catherine de Sienne (1347-1380). Cette femme, qui fut la mère d’innombrables enfants spirituels de toutes les conditions de vie, spiritualités et de tous les statuts sociaux ; cette jeune femme “sans lettres” qui écrivit à des papes, des cardinaux, des évêques, des rois et des reines, des artistes et des médecins, des laïcs, des prêtres et des religieux ; cette fille de Dominique qui se consacra avec amour à l’accompagnement des condamnés à mort, pour beaucoup desquels elle obtint la conversion ; c’est elle, Catherine, qui nous transmet un amour passionné pour l’humanité fragile, malade, blessée. Catherine est proche de ceux qui ont commis des erreurs, elle les aime et les accompagne vers la guérison du cœur. Sur le chemin de la vie, chacun de nous cherche le bon chemin. Pour Catherine, ce chemin est un “Pont” qui unit tous les extrêmes : bons et mauvais, croyants et non-croyants, jeunes et vieux, hommes et femmes. Ce chemin, cette voie, ce “Pont”, c’est Jésus. Celui qui a dit “Je suis le chemin, la vérité et la vie” (Jean 14,6), nous a montré le chemin de l’amour, dont tous les êtres humains ont soif. Mais comment est-il possible d’aimer et d’avoir confiance en l’amour ? Tout dans le monde semble parler de division, d’infidélité, de conflits. L’homme porte en lui les signes de ses blessures et de ses frustrations, ainsi que la peur d’accorder sa confiance.
Le Christ, cependant, est fidèle à son Église. Il l’aime comme un homme aime une femme. Il est impossible de séparer le Christ de l’Église ! Cette épouse a beaucoup de défauts, mais le Christ veut la laver, la purifier et ensuite la vêtir. Il veut la rendre belle. C’est ce qu’il a fait avec la vie de Catherine. C’est ce qui s’est passé avec de nombreux condamnés à mort que Catherine a pris en amitié pour les amener à Dieu. C’est ce qu’il veut faire avec moi.
Catherine croyait en cette communion qui, au-delà des différentes croyances, du statut social, de l’histoire, des origines et des cultures des personnes, lorsqu’elle existe, génère la lumière et la vie. Et cela répand la paix. Elle a construit une cellule dans son cœur. Elle a appris à l’habiter. Elle a appris à ne pas avoir peur de se regarder dans la vérité, avec le même regard d’amour et de miséricorde de Dieu. Elle a appris que, dans cette cellule, elle pouvait Le rencontrer, même au milieu des gens. La cellule du cœur est un lieu de prière, de recueillement, de liberté. À sa grande surprise, elle a aussi trouvé le monde entier à l’intérieur. Dans cette cellule, Catherine a appris à s’aimer et à aimer. Parce qu’elle a découvert qu’elle était elle-même, avant tout, l’objet de “l’amour ineffable” de ce Dieu qui est “Feu de l’amour”. Comme il est important de construire cette cellule dans mon cœur ! Cet espace de liberté et de vie. Espace de contemplation, où la créativité de Dieu peut enfin s’exprimer sur moi. Un espace où je peux me trouver moi-même, les autres et Lui, dans la vérité. Un espace pour me connaître et connaître Dieu en moi. En vérité, toute grande œuvre naît du silence de la contemplation !
(Moniales dominicaines – Pratovecchio)
Dans la basilique de Saint Dominique, dans une chapelle située en face de l’autel, se trouve une fresque de la Sainte avec un croyant, peinte vers 1375 par le peintre siennois Andrea Vanni. À cette époque, Catherine était encore en vie, et ce portrait est considéré comme le seul dont la ressemblance est probable. Sur le côté droit de la nef se trouve une autre chapelle dédiée au culte de Sainte Catherine, où la relique la plus importante est conservée dans un récipient en verre : la tête sacrée. Les Siennois, en effet, aimaient tellement leur Sainte qu’ils souhaitaient avoir une partie de son corps dans leur terre natale. Le reste du corps a été enterré à Rome, ville où elle est morte.
La basilique abrite également de nombreuses œuvres d’art réalisées par d’importants peintres siennois, comme la très belle Adoration des bergers d’un maître de la Renaissance, Francesco di Giorgio.
A l’intérieur, vous pourrez admirer le beau sol en céramique, dans l’Oratoire de la Cuisine, et de nombreuses fresques avec des scènes de la vie de la Sainte. Au rez-de-chaussée se trouve une petite pièce, la “cellule” où Catherine vécut pendant trois ans dans la solitude et la prière et où elle reçut la plupart de ses dons mystiques. Il y a un oreiller en pierre sur lequel elle avait l’habitude de se reposer et quelques objets ayant appartenu à la sainte. À l’intérieur de la petite église du Crucifix se trouve un crucifix pisan du 12ème siècle : la Sainte était recueillie en prière devant ce crucifix lorsqu’elle reçut les stigmates le 1er avril 1375.
Depuis la maison, vous pouvez facilement descendre à la Fontebranda toute proche. Catherine est née près de cette importante source et son père, qui était teinturier, y puisait de l’eau pour son travail. De là, vous pouvez remonter la pittoresque Via del Costone : c’est ici que la toute jeune Catherine vit le Christ Pontife lui apparaître, au-dessus de la Basilique de Saint Dominique, et elle y reçut sa bénédiction.
[Source : https://www.discovertuscany.com/it/siena/cosa-vedere/sulle-tracce-di-santa-caterina-da-siena.html
A Florence, Dominique est accueilli par ses frères, dans l’hospice de San Pancrazio, destiné aux pauvres. C’est là qu’il essaie de comprendre quels sont les défis et les possibilités de la prédication. Une rencontre très spéciale a lieu dans cette ville. Dominique, en effet, aide une jeune femme prostituée à trouver le chemin de la vie, de l’amour véritable et de la grâce, qui est une beauté authentique et claire pour l’âme et le corps. Après sa conversion, Benedetta choisit de suivre Dominique également dans sa mission et devient moniale. Chaque fois qu’il passait par Florence, Dominique trouvait le temps de rencontrer sa fille spirituelle. Qui était passé de la mort à la vie, des ténèbres à la lumière.
Dans le couvent de San Marco, la lumière jaillit des merveilleuses peintures de Beato Angelico. Elle est comme une caresse pour l’âme et réussit à apaiser les cœurs. Née d’un pinceau non seulement expert mais aussi contemplatif, elle semble embrasser et illuminer tous ceux qui l’approchent. Dans les tableaux de Fra Angelico, nous trouvons des scènes immergées dans le calme, dans la douceur : même les plus dures et les plus douloureuses sont comme revêtues d’une aura de paix où tout est déjà baigné par la lumière divine. Le frère-artiste a le regard tourné vers l’avenir : il voit déjà ici et maintenant ce Royaume que nous attendons. Nous ne pouvons pas séparer l’homme de l’artiste, le peintre de la personne consacrée. L’artiste porte en lui tout l’homme, tout le consacré, et nous fait voir la réalité comme transfigurée, à travers ses yeux. Angelico peint ce qu’il voit : son cœur tourné vers Dieu lui donne le même regard que Dieu. Nous aussi, nous commençons à regarder vers le haut. Peut-être allons-nous rencontrer un regard que nous n’attendons pas. Tournons les yeux de nos cœurs vers la Lumière qui, nous le savons maintenant, est une personne.
Autres saints ou personnages importants de l’Ordre à Florence : Remigio de’ Girolami ; Jacopo Passavanti ; Villana delle Botti (S. Maria Novella) ; S. Antonino, Girolamo Savonarola, Domenica da Paradiso, SdD Giorgio la Pira (San Marco).
(Moniales dominicaines – Pratovecchio)
Le couvent de San Marco à Florence fut fondé à l’origine par des moines bénédictins en 1299, et le 21 janvier 1436, avec une bulle papale d’Eugène IV, il devint dominicain, après diverses vicissitudes racontées par Saint Antonino lui-même.
Déclaré musée d’importance nationale en 1869, le musée de San Marco à Florence est un chef-d’œuvre architectural de Michelozzo commandé par Cosimo dei Medici. Les splendides salles qui abritent le musée coexistent avec l’église et les parties adjacentes au cloître, encore utilisées comme couvent.
La visite de Saint-Marc comprend les splendides espaces architecturaux du couvent et des cellules, le cloître de Sant’Antonino, la Cène de Ghirlandaio, le réfectoire et la salle capitulaire. La Sale de l’Hospice est notamment consacrée à Beato Angelico, dont on conserve la Déposition, le Triptyque de Saint Pierre le Martyr, le Retable d’Annalena, le Jugement dernier (1431), le Retable de Saint Marc, la Vierge à l’Enfant et le Tabernacle des Linaioli.
Les fresques du deuxième étage, dans la partie du bâtiment où se trouvaient les cellules des moines, sont des œuvres majeures de la Renaissance et des chefs-d’œuvre absolus de Beato Angelico. Peintes entre 1438 et 1446, elles témoignent de la phase la plus mature de l’art d’Angelico et constituent un exemple de modernité et de raffinement absolu, unique dans l’histoire des monastères jusqu’à cette époque.
Le musée comprend également un nombre considérable d’œuvres d’une valeur historique et artistique inestimable, en premier lieu la Cène de Ghirlandaio, puis la Vierge à la ceinture de Ridolfo del Ghirlandaio, la Vierge à l’enfant de Paolo Uccello et des œuvres mineures comme le célèbre portrait de Girolamo Savonarola et les terres cuites vernissées des Della Robbia. La riche collection du musée de San Marco est complétée par sa fabuleuse bibliothèque (1437-1444) qui abrite de précieux manuscrits appartenant aux Médicis et à des personnalités telles que Pico della Mirandole et Agnolo Poliziano.
Il vaut certainement la peine de visiter l’église de San Marco où se trouvent, entre autres, les restes de Sant’Antonino et de Giorgio La Pira.
[Source : https://www.imuseidifirenze.it/museo-di-san-marco/
La lumière se lève le matin, même si c’est à midi que le soleil atteint son zénith. Et nous savons bien quels spectacles la nature nous offre aux premières heures du jour.
A la manière de Dominique, nous découvrons la confiance que le saint avait dans les jeunes. Parfois, un regard suffisait pour établir une compréhension. Immédiatement, ils ont voulu le suivre, dans les voies incertaines, aventureuses et excitantes de la prédication de l’Évangile. Vivant délibérément dans la pauvreté, avec une grande confiance dans la raison humaine et un cœur débordant de compassion, Dominique attirait tout le monde. Sa vie aventureuse – la vie même des apôtres de Jésus – a attiré ceux qui étaient à la recherche d’un sens profond de l’existence. Souvent, il envoyait ses frères prêcher alors qu’ils étaient encore novices. N’était-ce pas un pas prématuré ? N’étaient-ils pas encore mal préparés ? Pourtant, sa confiance, combinée à leur enthousiasme juvénile, les rendait capables d’une telle mission.
A Fiesole, rappelons qu’une jeune laïque dominicaine a vécu sa vie de foi et de maladie en profonde communion avec un frère dominicain. Il s’agit de Tilde Manzotti (1915-1939) et dufr. Antonio Lupi op (1918-1976). Leur amitié ne dura que quelques années, car Tilde mourut jeune d’une maladie foudroyante. Mais la vocation sacerdotale du Frère Antonio et sa vie donnée à la prédication naquirent grâce à l’expérience spirituelle de Tilde, qui le guida pour le restant de ses jours. Le jeune frère lui écrivit : “Le Seigneur a voulu que vous soyez la mère de ce sacerdoce. Nous serons prêtres ensemble, dans l’éternité”.
Tilde est la “mère” du sacerdoce du frère Antoine, même si elle ne le verra jamais prêtre. Mais le ministère du jeune frère, et les personnes qu’il allait rencontrer au cours de sa longue vie, avaient déjà été accueillis et chéris par cette femme. En outre, il est parvenu à une compréhension profonde de sa vocation grâce à l’expérience de Dieu, qu’elle porta à son paroxisme dans la douleur et l’amour.
Nous pourrions dire que ce que nous observons au niveau de la nature, où l’homme reçoit la vie physique de la femme, s’accomplit au niveau de la grâce. Ainsi, la femme dominicaine est le canal par lequel la vocation de l’homme dominicain grandit et se réalise. Et il devient, par sa médiation, un instrument de grâce pour tous les hommes. En même temps, nous observons que, au niveau de la nature, les enfants de l’homme sont aussi les enfants de la femme. Ainsi, les consacrés font l’expérience, ensemble, de cette maternité et de cette paternité spirituelles qui en font des sujets complémentaires de la prédication de l’Évangile : “Si je souffre avec vous et avec toutes les âmes que le Seigneur me donne, avec toutes, parce que, oui, comme vous le voulez et comme le Seigneur le veut, je les aimerai toutes infiniment”.
Egaux et complémentaires, l’homme et la femme dominicains sont ensemble dans l’expérience contemplative comme aussi dans la prédication de la grâce. Et il n’y a pas de sacerdoce, il n’y a pas de prédication fructueuse de la Parole, si ce n’est ensemble. Au-delà du temps et de l’espace. Dans l’éternité de l’amour de Dieu.
De nombreuses vocations dominicaines au cours des siècles sont nées ou se sont épanouies précisément dans une relation de communion, que ce soit dans la vie consacrée, religieuse et sacerdotale ou dans la vie conjugale : Plus récemment, Giorgio La Pira(laïc dominicain) et FiorettaMazzei(laïque franciscaine), et le couple marié Elizabeth et Felice Leseur (unis dans la foi, mystérieusement, seulement après la mort de cette dernière, quand, après avoir trouvé et lu le journal de sa femme, Felice convertit à la foi catholique et devint frère et prêtre dominicain).
L’amitié nous rend plus semblables à ce Dieu qui est relation. Quand elle est vécue en Dieu, elle devient communion, et dépasse les frontières de l’espace et du temps.
Nous ne parlons pas ici d’un quelconque partage d’intérêts entre les hommes et les femmes. Nous parlons de quelque chose de plus profond. Nous parlons d’une communion d’âmes qui naît, grandit et se réalise dans un détachement total et pourtant dans une union très profonde, que Dieu donne si et quand Il veut, à qui Il veut, et qui est le fruit d’une vie dans Sa grâce.
C’est la voie de Dominique. Le chemin de la lumière.
A Fiesole, nous nous souvenons aussi de S. Antonino et de Beato Angelico.
(Moniales dominicaines – Pratovecchio)
Le couvent de S. Dominique, construit à mi-chemin entre Florence et Fiesole, a été fondé en 1405-1406 comme couvent de réforme à l’initiative de Giovanni Dominici et de l’évêque de Fiesole Jacopo Altoviti, tous deux frères de S. Maria Novella. Dans le “conventino” (petit couvent), qui fut habité à partir des derniers mois de 1406, furent formés à la vie religieuse dominicaine aussi bien le futur archevêque de Florence, S. Antonino Pierozzi, que le grand peintre Fra Giovanni da Fiesole, connu sous le nom de Beato Angelico. La partie du couvent du XVe siècle fut achevée vers 1418 grâce au généreux legs de BarnabadegliAgli et en 1420 Beato Angelico commença à peindre la Madone de la Bénédiction sur l’arc à l’entrée de la petite église, dont la dernière restauration de 1960 restitua la synopia. Dans la salle capitulaire, il est également l’auteur de la fresque du grand Crucifix, témoignage de l’art et de la piété de son cher couvent. En raison de la suppression des ordres religieux, voulue par Napoléon, le couvent fut exproprié. Les frères purent le racheter en 1879, en cédant certaines des œuvres d’Angelico. En 1491, les travaux d’agrandissement commencèrent sur le côté du cloître parallèle à l’église en direction de Florence. En plus de G. Dominici, St. Antonino et Beato Angelico, plusieurs frères célèbres du couvent de Fiesole sont honorablement commémorés.
Le portique extérieur et l’élégant clocher de l’église sont l’œuvre de Matteo Nigetti (1569-1649). L’intérieur de l’église, transformé au début du XVIIe siècle, a été décoré par les peintres M. Bonechi, R. Botti et L. Del Moro.
Dans la voûte de la nef : saint Dominique porté au ciel par les anges ; au-dessus du presbytère : la Vierge remettant le Rosaire à saint Dominique et par lui aux peuples des quatre continents.
Le presbytère, œuvre de l’architecte M. Nigetti, abrite un grand chœur du XVIIe siècle avec 62 stalles en partie en noyer. D’importantes œuvres d’art sont conservées dans les chapelles latérales.
[Source : https://www.dominicanes.it/provincia/conventi/fiesole-san-domenico.html ;
Dominique, le grand marcheur, a fait cinq voyages à Bologne. C’est ici qu’il a fondé les premiers couvents ; c’est ici que se sont tenus les deux premiers importants chapitres généraux. C’est là qu’il est mort, laissant son testament : “Ayez la charité, conservez l’humilité, embrassez la pauvreté volontaire”. C’est là qu’il a prononcé ses dernières paroles : “Je vous serai plus utile du ciel que de la terre” et “ne pleurez pas”, manifestant jusqu’au bout cet aspect qui, plus que tout autre, le distinguait : la compassion. De lui, en effet, Lacordaire a dit : “Il était tendre comme une mère, fort comme un diamant”. A Bologne, Dominique demanda à être enterré sous les pieds de ses frères. Et en effet, ils ont marché, à travers les siècles, en posant leurs pas sur ceux du Fondateur. Sur le roc sûr de cette première intuition. Sur l’héritage d’un Ordre né pour continuer dans le monde l’œuvre des apôtres : la prédication de l’Évangile.
Dominique était un homme de silence et de dialogue. Un homme d’écoute. Une soif profonde l’habitait : soif de la joie des gens, soif de la vérité, soif de donner l’eau de la sagesse aux hommes et aux femmes qui, comme lui, avaient soif eux aussi.
Sur ses traces, nous pensons que cette soif continue d’habiter, aujourd’hui encore, le cœur de ceux qui parcourent les chemins incertains, tortueux et souffrants de notre époque. Soif de trouver un sens à la vie, aux événements, à l’histoire. Soif de justice, de liberté, de vérité. Le cœur de l’homme et de la femme d’aujourd’hui, le cœur des jeunes, est habité par une soif profonde. Arriver à Bologne signifie s’ouvrir à la rencontre d’un ami inattendu dans son propre parcours de recherche. S’ouvrir àun homme qui a cherché puis donné abondamment une eau fraîche et désaltérante : l’eau de la sagesse.
À Bologne, cependant, finalement, après avoir beaucoup marché, on nous invite à nous asseoir. Dominique nous invite à manger avec lui. Assis autour de la table de la Mascarella, il est plus facile d’écouter l’expérience du frère Dominique et de ses premiers frères. Parmi eux, il y a aussi une femme, symbolisant la place importante qu’occupent les femmes, depuis le début, dans le rêve de Dominique. Dans cette ville, ils ont vécu l’expérience passionnante de la fondation de l’Ordre. Au-dessus de la table, il y a peu d’objets : ce qui est important, ce sont les visages, regardant tous devant eux. Ensemble, dans la même direction. Ils tournent le regard de leur cœur vers les autres, vers le monde auquel ils sont envoyés. Et vers Dieu, qui se manifeste précisément “autour de la table” : la table de l’autel, la table de la Parole, la table de la communion de la vie. La table du désir et de la recherche de son visage. Notre cœur, comme le dit Catherine de Sienne, est fait pour aimer et le désir est ce qui nous rend vraiment semblables à Dieu, car il est infini ! Ainsi, la soif de vie, de sens, d’amour, de liberté qui habite l’être humain, nous parle encore de cette graine divine qui est cachée dans le cœur de chacun de nous et qui attend d’être arrosée pour germer et grandir. Le sol dans lequel il peut s’épanouir et porter beaucoup de fruits est l’amour ; l’eau avec laquelle il peut être arrosé est la sagesse. Tout cela, par la prédication de la grâce.
Dominique et ses premiers compagnons restent ensemble. La communion de vie est le lieu où il est possible de faire l’expérience de Celui qui a dit : “Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux” (Matthieu 18,20). C’est précisément ici que Dieu répond à la “soif” du cœur et se manifeste. Il se fait connaître.
De nombreux saints de l’Ordre – et nous en avons rencontré quelques-uns
égalementsur ceCheminde Dominique – ont vécu des expériences de communion qui, au cours des siècles, ont nourri, de manière silencieuse et féconde, la vie de l’Église. Il est donc possible de faire tomber les barrières de la haine par le défi de la communion. Vaincre les guerres et les divisions par une forme véritable et appropriée d'”objection de conscience” : la vie ensemble, dans le partage profond des dons personnels et des biens de la grâce entre des personnes de cultures, d’âges et de milieux différents.
A partir de là, nous pouvons recommencer. Avec Dominique, un homme de lumière et de tendresse. Afin de faire rayonner dans le monde le Christ, la vraie Lumière, le “Soleil sans couchant”. C’est le véritable défi pour les vrais, courageux, intrépides marcheurs sur les chemins de notre temps ! (Moniales dominicaines Pratovecchio)
Bienheureux Réginald d’Orléans (1180-1220) ; Bienheureux Jourdain de Saxe (1176-1237) ; Bienheureuse Diane d’Andalò(1201 – 10 juin 1236) ; Bienheureuse Cecilia Cesarini(Rome, c. 1200 – Bologne, 1260)
Saint Pierre de Vérone, martyr (1200 environ-1252 – étudiant à Bologne, où il entra dans l’Ordre) ; le bienheureux Isnardo de Chiampo (1280 environ-1244) ; la bienheureuse Imelda Lambertini, religieuse (1320-1333) ; le bienheureux Antoine de l’Église (1394-1459) ; le bienheureux Costanzo de Fabriano (1400 environ-1481) ; saint Pie V, pape (1504-1572) ; le bienheureux Benoît XI, pape (1240-1304).
Niccolò Boccasini, originaire de Trévise, d’origine modeste, a été deux fois provincial de Lombardie, basé à Bologne.
Bienheureux Jean de Salerne (1190-1242)
Étudiant en droit à l’université de Bologne, il entre dans l’Ordre en 1219. Envoyé par saint Dominique avec d’autres compagnons à Florence pour fonder un couvent, il fonde en 1221 la communauté dominicaine de Santa Maria Novella.
Saint Hyacinthe (1183-1257)
Issu d’une vieille famille de la noblesse polonaise, il est venu à Bologne pour terminer ses études. C’est là qu’il rencontre saint Dominique : il embrasse ses idéaux avec enthousiasme et entre dans l’Ordre, pour repartir ensuite dans son pays natal et y reprendre l’Ordre.
BienheureuxGuala de Bergame (1180-1244)
Il est entré dans l’Ordre à Bologne en 1219. Prieur du couvent de Brescia, il eut une vision en rêve de la gloire de saint Dominique, reçu à sa mort directement au Ciel par le Seigneur Jésus et la Sainte Vierge Marie.
Bienheureux Raymond de Capoue (1330-1399)
Étudiant en droit à l’Université de Bologne, il y entre dans l’Ordre. Il enseigna la théologie à Bologne. Il était le directeur spirituel de Sainte Catherine de Sienne. Dans une vision, saint Dominique lui-même l’appelle à promouvoir et à guider la réforme de l’Ordre.
Bienheureux Jacques d’Ulm (1407-1491)
Arrivé d’Allemagne en Italie pour un pèlerinage à Rome, il devient soldat, d’abord dans les rangs de l’armée napolitaine, puis du duc de Milan. Arrivé à San Domenico à Bologne, il se sentit attiré par la vie dominicaine, qu’il embrassa comme un frère coopérateur, se consacrant à la prière, à la mortification, à l’humilité, au service inlassable et cordial des autres, ainsi qu’à l’art de la verrerie dont il était maître. Ses reliques sont conservées dans notre basilique.
Bienheureux Pierre Jeremiah (1399-1452)
Étudiant en droit à Bologne, il y entre dans l’Ordre.
Bienheureuse Benvenuta Boiani(1255-1291).
Tertiaire dominicaine, atteinte d’une grave maladie, elle fut guérie par l’intercession de saint Dominique, sur la tombe duquel elle s’était rendue en pèlerinage.
Bienheureux Jean de Vercelli (vers 1200-1283)
Prieur à Bologne, Provincial de Lombardie, VIème Maître de l’Ordre (1264).
Bienheureux Sebastiano Maggi (1414-1496)
Prieur à Bologne.
[Source : Frère Roberto Viglino sur https://sandomenicobologna.it/ordine-dei-predicatori/i-nostri-santi/]
L’église de la Mascarella est le premier lieu où les pères dominicains s’instalèrent (1218) et où Dominique de Guzmán lui-même élut domicile. La tablesur laquelle fut réalité cette peinture, datable de la quatrième décennie du XIIIe siècle, est la même que celle autour de laquelle les dominicains de Mascarella avaient l’habitude de s’asseoir pour leurs repas. Le miracle de la multiplication des pains est documenté dans les “Actes” qui ont précédé la canonisation de saint Dominique, qui eut lieu en 1234. Le halo qui entoure le visage du saint nous incite à associer la datation du tableau à l’époque des célébrations de cette occasion.
Cette partie a été réécriteà partir du libellus de Jourdain de Saxe,( cf B.Hodel)
La prédication de Dominique, de Reginaldo d’Orléans et des autres Dominicains de la Mascarella a incité de nombreux Bolognais à rejoindre l’Ordre. La communauté dominicaine, à la recherche de plus d’espace, s’installe à San Nicolò delle Vigne en 1219, grâce au soutien d’une jeune femme bolognaise, Diana degliAndalò, à l’endroit où se trouve encore aujourd’hui le couvent de San Domenico. Sur les murs latéraux de la chapelle se trouvent les peintures du XIVe siècle qui figuraient au dos de la Tavola et qui ont été transférées sur toile dans les années 30.
Diana était une grande admiratrice du Bienheureux Réginald d’Orléans. En mars 1219, il semble qu’elle ait fait de son mieux pour l’aider à acheter un terrain dans la localité delle Vigne où se trouvait le couvent de San Nicolò. Sur le site se trouve actuellement la basilique de San Domenico. Au cours de l’été de la même année, la jeune fille se rapproche des Dominicains, accueillie par Dominique de Guzmán malgré l’opposition de sa famille. Dominique lui fit faire sa profession en tant que moniale dominicaine. À l’automne 1222, Diana, avec la contribution de sa famille et du bienheureux Jourdain de Saxe (premier successeur et premier biographe de saint Dominique), fonde le monastère de Sainte Agnès à Bologne. Diana passa toute sa vie dans ce monastère, où elle était également prieure de la communauté. D’autres moniales du monastère sont également devenues bienheureuses, comme Amata et Cecilia de Bologne.
[Source : http://www.parrocchiamascarella.it/tsdom.htm ; https://www.vaticano.com/santa-diana-degli-andalo/